Récit édénique ou récit scientifique,
la relation de voyage apparaît comme un genre à mi-chemin entre
le reportage et l’œuvre littéraire. Si elle prit son essor en
même temps que se développa la navigation dans le monde, c'est
au XVIIIème siècle qu'elle connut une évolution foisonnante.
La
supériorité technique, scientifique, économique et militaire de
l'Europe se confirma et sa puissance se traduisit par des voyages,
des échanges commerciaux, des conquêtes coloniales. Cette expansion
s'affirma notamment sur la route des Indes, contrée de prédilection
d'un commerce florissant.
Ports
de relâche, les Mascareignes fournissaient aux voyageurs le ravitaillement
nécessaire à leurs expéditions.
Ainsi,
en 1707, après un séjour de quatre ans dans les îles de Rodrigue
[1]
et de France, de 1691 à 1695, François Leguat offrit
à ses contemporains un ouvrage quelque peu romancé, Voyage
et Aventures de François Leguat et de ses compagnons en deux îles
désertes des Indes orientales. Avec la relation des choses les
plus remarquables qu'ils ont observées dans l'île Maurice, à Batavia,
au cap de Bonne-Espérance, dans l'île de Sainte-Hélène et en d'autres
endroits de leur route. Celui-ci dressait un cadre édénique
de Rodrigue.
Presque
un siècle plus tard, témoignant de l'intérêt nouveau que suscitaient
ces lointaines contrées chez les savants, un astronome, Alexandre-Guy
Pingré, porta un regard scrutateur sur les trois îles : il rapporta
de son voyage un véritable témoignage historique et scientifique
dans un manuscrit intitulé Voyage à Rodrigue. Ce fut sous
l'impulsion de l'Académie des Sciences, dont il était membre,
qu'en 1761 le chanoine Pingré s'embarqua à bord d'un navire de
la Compagnie des Indes, le Comte d'Argenson, afin d'observer un
phénomène astronomique exceptionnel dont on pensait alors, pour
reprendre l'expression de Cassini, qu'il allait rendre "le
siècle à jamais mémorable dans les annales des sciences"
[2]
.
I.
UN PHENOMENE ASTRONOMIQUE D'UNE PORTEE UNIVERSELLE: L'OBSERVATION
DU TRANSIT DE VENUS.
Au
XVIIIème siècle, l'une des grandes aspirations de l'homme était
d'appréhender, non seulement la terre, mais l'univers tout entier.
L'astronomie
fut l'une des sciences dont la contribution s'avéra, à cet égard,
essentielle. Perfectionner les instruments et les méthodes d'analyse
afin de vérifier les conséquences des lois newtoniennes, déterminer
numériquement la distance solaire, considérée comme l'unité de
base astronomique, tels furent les défis lancés par les astronomes
des Lumières.
Le transit de
Vénus.
Fort
opportunément se présentaient alors les transits de Vénus prévus
pour la seconde moitié du XVIIIème siècle :
"Vénus,
planète inférieure [ainsi que Mercure] est plus proche du Soleil
que de la Terre. Lorsqu'elle est située sur la droite qui joint
la Terre au Soleil, elle se trouve toujours, vue depuis la Terre,
du même côté que le Soleil ; cette situation s'appelle une conjonction.
Si la planète est située entre la Terre et le Soleil, la conjonction
est inférieure"
[3]
.
[
... ] "Une telle situation est favorable à la mesure de la
distance de la planète Vénus parce que le disque solaire, sur
lequel elle se projette, sert de référence aux observations effectuées
depuis deux lieux différents sur Terre"
[4]
.
Le
passage de Vénus sur le Soleil se produit de l'est vers l'ouest
dans un temps variable pouvant aller jusqu'à sept heures et demie.
"Ce phénomène a un cycle régulier de deux cent quarante‑trois
années, fait de quatre intervalles irréguliers qui sont alternativement
court et long : les petits intervalles sont de huit années, les
grands sont de 121 1/2 et 105 1/2 années"
[5]
. Dans l'histoire de l'astronomie, seuls les transits
du 6 décembre 1631, 4 décembre 1639, 6 juin 1761, qui a fait l'objet
de la mission de Pingré, ceux du 3 juin 1769, 8 décembre 1874,
6 décembre 1882, ont été observés ; les deux prochains se produiront
le 7 juin 2004 et le 5 juin 2012...
Dès
1677, un éminent astronome britannique, Sir Edmund Halley (1656-1742),
fut le premier à démontrer l'utilité de l'observation des passages
de Vénus pour résoudre le problème astronomique du siècle des
Lumières : la détermination de la distance entre la terre et le
soleil par la méthode des parallaxes. Cette méthode consistait
à observer les points de contacts intérieurs entre Vénus et le
Soleil lors de l'entrée et de la sortie de la planète sur le disque
solaire. Effectuer ces observations en divers points du globe
terrestre devait conduire à mettre en évidence des différences
dans la durée du passage de Vénus; ces informations devaient permettre
le calcul de la distance solaire.
A
la mort de Halley, en 1742, l'astronome français Joseph Nicolas
Delisle (1688-1768) poursuivit cette étude, mais il en modifia
la méthode et la simplifia.
L'observation
intégrale devenait ainsi inutile, l'essentiel était de noter les
moments exacts d'entrée et de sortie de la planète ; il était
également indispensable de multiplier les Stations d'observation
dans le monde. En effet, "deux observateurs, situés à une
certaine distance l'un de l'autre, ne voient pas Vénus décrire
la même corde sur le Soleil : en mesurant chacun la durée du passage
de la planète devant le Soleil, ils peuvent en déduire la dimension
apparente de la corde décrite, donc la distance angulaire entre
les deux cordes. Cet angle est aussi celui sous lequel un observateur
situé sur Vénus verrait la distance qui sépare les deux lieux
d'observation terrestres"
[6]
.
Cette
méthode demeurait cependant imparfaite : pour mener à bien ces
calculs, la connaissance exacte de la longitude du lieu d'observation
et la précision des instruments s'avéraient nécessaires. Or le
XVIIIème siècle connaissait encore une navigation hasardeuse -
la détermination précise de la longitude en mer n'était toujours
pas résolue et la position de nombreuses contrées restait incertaine.
Cependant, par une pression constante, Delisle réussit à intéresser
aussi bien les savants français que ceux de l'étranger grâce à
une correspondance soutenue.
Une
mobilisation mondiale.
La
rareté du phénomène fit du transit de Vénus un objet d'observation
scientifique de première importance. Les hommes de science les
plus remarquables préparèrent ces rendez‑vous avec Vénus
et, pour la première fois de l'histoire moderne, une coopération
scientifique internationale fut déployée. Une certaine fébrilité
entoura cette attente ; le cartographe César François Cassini
(1714-1784) écrivit:
"Elle
seule [la circonstance de Vénus] pouvait dissiper absolument nos
incertitudes sur la quantité de la parallaxe du soleil ; elle
seule pouvait fixer avec la dernière précision un élément qui
avait varié jusqu’ici, selon les opinions de divers Astronomes,
et selon les différentes méthodes qu'ils avaient employées à sa
recherche. Heureux notre siècle à qui était réservée la gloire
d'être le témoin d'un événement qui le rendra à jamais mémorable
dans les annales des Sciences »
[7]
.
Aussi,
en 1761, pas moins de 120 observateurs de 62 stations différentes
se mobilisèrent. Les principaux participants appartenaient, pour
la France, à l'Académie royale des Sciences et, pour l'Angleterre,
à la Royal Society of London.
D'autres
souverains européens ainsi que certaines académies américaines
apportèrent leur contribution. La France compta le plus grand
nombre d'observateurs avec 31 délégués, suivie de la Suède (21)
et de l'Angleterre (19).
En
France, dès le 19 janvier 1760, l'astronome Le Gentil de la Galaisière
se proposa pour aller observer le transit de Vénus à Pondichéry:
il embarqua à Brest le 26 mars 1760.
Le
30 avril 1760, Delisle présenta à l'Académie des Sciences une
mappemonde avec tous les lieux possibles d'observation de Vénus.
Alexandre‑Guy
Pingré et Chappe d'Auteroche furent tous les deux volontaires
pour se rendre en Sibérie, mais, d'un commun accord, ce fut Chappe
d'Auteroche qui opta pour cette destination. Il restait à attribuer
à Pingré un autre centre d'observation.
Le
continent africain s'avérait un lieu propice pour cette rencontre
avec Vénus ; cependant, toute la côte sud-ouest demeurait peu
connue des Français, malgré la colonisation portugaise et hollandaise.
Benguala
ou Luanda présentaient un double avantage : déterminer la position
exacte de ces lieux permettait d'améliorer la navigation, les
adopter comme sites d'observation pouvait faire avancer l'astronomie.
De surcroît, ces destinations offraient à Pingré les agréments
de la civilisation puisque les Portugais y comptaient de nombreux
comptoirs.
En
dépit de tous ces avantages, ces choix furent abandonnés en raison
des conditions de voyage peu engageantes . En effet, tout voyageur
en partance vers ces colonies devait passer par le Brésil, effectuant
un triangle qu'il répétait à son retour. Au XVIIIème siècle cela
exigeait trop de temps pour que les astronomes puissent espérer
être au rendez‑vous du transit de Vénus.
La
"Côte de l'Or" (aujourd'hui le Ghana) constituait une
autre direction possible ; le commerce africain étant important,
le trafic maritime semblait plus développé. On choisit deux petites
îles du Golfe de Guinée : l'île de Saint-Thomas et celle du Prince.
Cependant, les rapports montraient que les conditions climatiques
étaient peu clémentes au mois de juin et par ailleurs, de nombreuses
maladies guettaient les étrangers. Aussi, sur la proposition de
M. le cardinal de Luynes et de M. Lemonnier, tous les deux membres
de l'Académie des Sciences, le Roi, conseillé par M. le Comte
de Saint-Florentin, alors secrétaire d'Etat, prit la décision
de seconder Pingré : un assistant compétent devait l'accompagner
dans sa mission. En effet au XVIIIème siècle, le voyage sur mer
présentait de tels risques que la présence d'un assistant offrait
à l'Académie des Sciences la garantie de la sauvegarde des recherches
scientifiques dans le cas où l'astronome serait victime d'une
maladie voire d'un décès.
Cependant,
pour des raisons qui restent indéterminées, la crainte de maladies,
le temps peu favorable au mois de juin ou encore des négociations
infructueuses avec les autorités hollandaises et portugaises,
Pingré fut envoyé à l'île Rodrigue, île sous dépendance française.
Là encore, un double objectif était envisagé : déterminer avec
précision la position de cette île car celle-ci servait de repère
pour la navigation vers les Indes et, bien sûr, observer le passage
de Vénus dans un lieu où les conditions climatiques s'y prêtaient.
Un délégué de
l'Académie des Sciences dans les Mascareignes
Alexandre-Guy
Pingré naquit à Paris le 4 septembre 1711. Dès l'âge de seize
ans, il fut admis à la Congrégation de l'Ordre de Ste-Geneviève
; à vingt-quatre ans, il devint professeur de théologie. Mais,
doté d'un esprit éclectique, d'un penchant pour la libre expression,
de quelque sympathie pour la francmaçonnerie, il tomba bientôt
en disgrâce dans la hiérarchie de l'Eglise. Il fut destitué de
sa fonction de professeur et relégué dans une école obscure pour
y enseigner les rudiments de grammaire latine. Il n'y trouva cependant
pas la paix escomptée ; ayant pris parti dans les querelles jansénistes,
il fut accusé d'apporter une doctrine suspecte à des esprits innocents,
il reçut "'cinq lettres de cachet en l'espace de quatre ans"
[8]
.
Pendant
ce temps, un chirurgien, Lecat, avait fondé une Académie des Sciences
à Rouen; comme il lui manquait un astronome, Lecat proposa ce
poste à Pingré qui venait de s'installer dans cette ville. Celui-ci
accepta et ce fut son premier contact avec l'astronomie. Grâce
à un calcul relativement précis de l'éclipse lunaire de 1749,
il fut élu correspondant de l'Académie des sciences de Paris.
Sa
nouvelle notoriété lui valut à nouveau l'intérêt de l'Église qui
lui confia la responsabilité de la bibliothèque Ste-Geneviève.
Il retourna donc à Paris où on lui conféra le titre d'associé
libre dans l'Académie, le plus haut rang qu'un homme d’église
pouvait acquérir à cette époque.
Dans
les années précédant son voyage, Pingré fut en relation étroite
avec Lemonnier, éminent astronome et professeur de physique au
collège de France, et réalisa une sorte d'almanach nautique, l'Etat
du Ciel (1754-1757), destiné à compléter la Connaissance
des Temps, publiée depuis 1682.
En
1760, lorsque l'Académie des Sciences décida d'envoyer Pingré
à l'île Rodrigue, l'Angleterre et la France étaient les principaux
belligérants d'un conflit qui avait débuté en 1756. Cette guerre
pour la conquête de l'hégémonie se déroulait principalement en
mer ; aux risques propres à la navigation s'ajoutaient l'insécurité
liée à ces hostilités. Toutefois, la coopération internationale
évoquée ci‑dessus suscitée par la recherche scientifique,
fut mise à contribution. L'Académie écrivit à l'Amirauté pour
solliciter un laissez‑passer qui garantît à l'astronome
la sécurité et un voyage ininterrompu jusqu'à Rodrigue.
Le
25 novembre 1760, l'Amirauté donna une suite favorable à cette
requête.
Pingré
quitta Paris le 17 novembre de la même année ; le 9 janvier 1761,
accompagné d'un assistant, Pierre Thuillier, il embarqua à bord
du Comte d'Argenson, dont le capitaine était Marion Dufresne.
"Ce
ne fut que un an trois mois dix-huit jours dix-neuf heures et
cinquante trois minutes »
[9]
plus tard, que le chanoine retrouva la France après
avoir visité les trois îles des Mascareignes, vécu maintes péripéties
et, en partie, manqué le rendez-vous avec Vénus.
En
effet, de fâcheuses conditions météorologiques ont contrarié la
mission principale de l'astronome. De manière très discrète, il
a rapporté, dans une annexe au journal, les circonstances déplorables
et les résultats peu probants de ses observations :
"Nous
étions sur pied, le six, dès cinq heures du matin : il faisait
encore nuit, le soleil ne devait se lever qu'à six heures trente-quatre
minutes, nous étions aux jours les plus courts de l'année. Le
temps était couvert, surtout à l'orient, il pleuvait même. Cependant,
à six heures quarante-cinq minutes cinquante-deux secondes, le
soleil s'étant découvert un instant, je vis que Vénus était entièrement
entrée sur le disque du soleil. Son bord oriental pouvait être
distant de celui du soleil d'environ le quart du diamètre de Vénus
; c'est tout ce que je pus juger .à la vue simple, car le soleil
rentra dans les nuages. Il en sortit un quart d'heure après et,
jusqu'à huit heures et demie, nous eûmes plusieurs intervalles
lucides.
Depuis
huit heures et demie le ciel fut très serein jusqu'au moment du
contact intérieur des bords du soleil et de Vénus. Alors, des
nuages légers commencèrent à ternir l'éclat du soleil.
Après
l'éclipse, nous n'eûmes que le temps nécessaire pour mettre nos
instruments à couvert, et le ciel fondit en eau"
[10]
.
Huit
ans plus tard, le 3 juin 1769, l'autre rendez-vous avec Vénus
ranima une mobilisation tout aussi considérable. Pingré y participa
de nouveau et attendit Vénus au Cap‑Français (aujourd'hui
Cap Haïtien). Lalande et Pingré s'occupèrent du choix des stations
d'observation. On retrouva la même équipe qu'en 1761.
Après
avoir vainement demandé à l'Espagne l'autorisation de se rendre
aux îles Salomon pour observer le second transit, Chappe d'Auteroche
dut s'installer à Saint-Joseph en Californie. Il mourut d'une
épidémie quelque temps après son observation, le ler août 1769.
Déçu
de son premier rendez-vous manqué, Le Gentil de la Galaisière
choisit d'attendre dans les mers des Indes, durant huit années,
le passage de 1769. Malheureusement, le 3 juin 1769, un nuage
empêcha l'observation.
Pingré
observa Vénus au Cap français dans l'île de St-Domingue (ancienne
dénomination de Haïti) avec de Fleurieu.
Comme
en 1761, les différences d'appréciation furent considérables.
A la fin du XVIIIème siècle, l'approche du calcul de la parallaxe
certes s'était précisée, mais sa détermination fut loin d'être
effective.
Le
vœu de Cassini et de bon nombre de ses contemporains ne fut pas
exaucé au siècle des Lumières ; l'humanité dut patienter jusqu'aux
passages de 1874 et 1882, soit plus d'un siècle plus tard, pour
que cette donnée de base astronomique soit enfin définie.
Outre
les préoccupations astronomiques, Pingré s'intéressa de près au
progrès de l'horlogerie qui, grâce au chronomètre, allait permettre
à la science nautique de résoudre son problème majeur : le calcul
de la longitude en mer.
En
1767, lorsqu'une expédition fut envisagée pour étudier les deux
horloges marines de Pierre Leroy et Ferdinand Berthoud, Pingré
et Messier, tous les deux astronomes de la Marine, apportèrent
leur collaboration à cette étude; ils écrivirent le journal de
voyage de l'Aurore, corvette à bord de laquelle ils s'étaient
embarqués. Le nom de Pingré restera désormais attaché aux premières
expériences de la pratique du chronomètre en mer.
On
doit à Pingré un grand nombre d'études et d'ouvrages disparates.
Son oeuvre la plus importante fut La Cométographie (Paris,
1783), étude historique et théorique des comètes. Latiniste, il
publia en 1786 la traduction du poème astronomique de Manilius.
Il se passionna pour les domaines les plus divers : il fit des
traductions des premiers voyages espagnols, des critiques historiques,
des discours sur la chronologie et l'astronomie chinoises, des
satires musicales, des hymnes liturgiques, des portraits d'Ovide
et de ses contemporains, de la poésie, aussi bien en latin qu'en
français...
Ainsi,
après sa première grande expédition qui l'a conduit aux Mascareignes
en 1761, en dépit de son âge - il avait alors cinquante ans -
A.G. Pingré revint en France après maintes péripéties, fut témoin
de la Révolution et s'éteignit à l'âge de quatre-vingt-cinq ans
le ler mai 1796 dans "les bras de Morphée et non ceux de
Vénus"
[11]
, nous laissant à la bibliothèque Sainte-Geneviève
à Paris un nombre considérable d'ouvrages non publiés et surtout,
un témoignage authentique sur une période mal connue de l'histoire
des Mascareignes.
Foisonnement
caractéristique d'un siècle, celui des Lumières, la vie, l’œuvre
de Pingré illustrent incontestablement la curiosité scientifique
qui prévalait à cette époque.